La Suisse via le Wisconsin

L’attaquant Suisse Thomas Rufenacht fêtant son but contre la Biélorussie avant ses coéquipiers. Photo : Matt Zambonin / HHOF-IIHF Images

Le retour à la maison de Rufenacht

L’attaquant, Thomas Rufenacht joue ses seconds Championnats du Monde à 32 ans. Son histoire est une histoire unique parmi les participants cette année.

Rufenacht est né en Suisse mais ses parents ont déménagé aux Etats Unis quand il avait six mois. « J’ai grandi à Madison, Wisconsin » explique t- il « et y ai vécu 18 ans. »

Son histoire n’est pas ordinaire : celle d’un joueur dont l’équipe nationale et celle de son enfance sont différente. Ses parents, tous les deux suisses, l’ont élevé dans la tradition suisse et lui ont parlé allemand. C’est pour cela que bien qu’il ait grandi comme un américain, on peut dire qu’il est quand même suisse.

Suisse ou américain, de toute façon, Rufenacht aimait le hockey et il s’est trouvé qu’il connaissait des gens dans le monde du hockey : Brady Murray (le fils de l’entraîneur canadien Andy) et Ryan Suter, le joueur. Ces amitiés l’ont aidé à élever son niveau d’ambition de hockeyeur.

« Je suis allé à Shattuck pendant un an » poursuit Rufenacht. « Mes frères y sont allés et Brady aussi.»

En fait, il s’est avéré que Rufenacht ne s’y sentait pas bien. Il est donc parti après un an pour l’Académie militaire de Culver.

« Culver était une école concurrente. J’y ai seulement vu plus d’opportunités de jouer un hockey de haut niveau. » explique -t-il. « Je sortais de blessures. Je connaissais Ryan Suter qui avait fréquenté cette académie ainsi que son demi-frère. Le hockey a toujours été ma première préoccupation. J’ai toujours cherché à m’améliorer et à obtenir de jouer au plus haut niveau. »

Bizarrement, à cette époque-là ni la Suisse ni l’Europe ne faisaient partie de ses pensées.

« J’ai postulé dans de nombreuses équipes USHL j’y ai vu des ouvertures. Mon frère qui est gardien a un an de plus que moi et jouait en junior B au Canada. Puis, nous avons tous les deux eu la chance de venir en Suisse. A cette époque, je n’avais aucune idée de ce qu’était le hockey suisse, la ligue et que je pouvais en vivre. Je pensais que cela serait une bonne expérience et qu’ensuite je rentrerais aux USA. Mais j’ai fini par rester. »

En effet, Rufenacht est dans la ligue depuis de nombreuses années. Il a débuté comme joueur américain brutal mais a affiné sa manière de jouer de façon spectaculaire au fil des ans.

« J’avais l’habitude de provoquer les joueurs » explique-t-il. « Je jouais un peu brutalement mais cela ne se faisait pas en Europe et cela a pris du temps avant que les arbitres s’habituent à moi et moi à eux. Mais au fil du temps j’ai appris à mieux respecter les règles. »

Il a joué pour la Suisse au CM de 2014, un tournoi difficile car l’équipe avait espéré la médaille d’or l’année précédente mais ne s’était pas qualifiée pour les quarts de finale en 2014.

« En 2014, nous avons eu quelques palets malchanceux en particulier contre les Américains » se souvient-il. « Nous avons eu des décisions de hors-jeu contre nous. Nous avons bien joué mais nous avons raté les playoffs d’un point. Je pense que cette année nous avons des joueurs expérimentés qui savent que chaque point compte. Même un point gagné en prolongation est très important. Ici nous nous sommes battus pour obtenir chaque point. »

Il est passé de 166 minutes de pénalité en 2011 à 71 cette saison. Plus important encore : dans les récents playoffs, il a eu 18 points (7+ 11) en 16 matches, soit autant qu’en saison régulière.

Rufenacht y a été sélectionné cette année encore pour plusieurs raisons à commencer par le fait que lui et le SC Bern ont gagné pour la seconde fois de suite la ligue suisse LNA.

« Les playoffs se sont vraiment bien passées pour moi » note-t-il. « J’ai pu jouer avec (Mark) Arcobello et nous avons pu gagner la ligue à nouveau. J’espérais donc être retenu mais on ne sait jamais ce que veut un entraîneur ou quel rôle on vous demandera de jouer. Et puis on ne sait jamais si les joueurs de la NHL seront présents ou pas. »

Le seul défi jusqu’à présent dans un tournoi aussi impressionnant ici à Paris est d’ordre personnel : Il n’a pas encore marqué. « Je ne me sens pas en veine mais tant qu’il y a des opportunités, je foncerais.»

Maintenant la Suisse prépare son quart de finale contre la Suède et comme le sait si bien un Rufenacht expérimenté : toute victoire est bonne à prendre.

« Quand on atteint les quarts de finale toutes les équipes peuvent gagner. Il faut marquer au bon moment, obtenir une bonne supériorité numérique, faire les petites choses qui créeront les bonnes occasions ou marquer au bon moment. »

Et peut-être, juste peut-être, l’attaquant suisse malchanceux qui a grandi dans le Wisconsin sera celui qui marquera ce but vital contre les  Tre Kronor.

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